St-Modeste, le 7 novembre 2024. – La Fédération des producteurs forestiers du Québec et l’Union des producteurs agricoles (UPA) dénoncent fermement le traitement réservé aux producteurs forestiers, confrontés depuis plusieurs années à une concurrence déloyale de la forêt publique ainsi qu’à un conflit du bois d’œuvre qui n’a rien à voir avec eux. Le Syndicat des producteurs de bois de la Côte-du-Sud se joint à eux afin de dénoncer le traitement réservé à ses membres à la lumière du plan spécial de coupes de récupération du bois des chablis en terres publiques de la région.
Rappelons que ce n’est pas la première fois que le principe de résidualité n’est pas respecté en Côte-du-Sud. L’année dernière, le président du Syndicat, M. Pierre Lemieux, dénonçait au sein du rapport d’activité de l’organisation la compétition déloyale auquel les producteurs de la Côte-du-Sud doivent faire face. Aujourd’hui, c’est plus de 1,5 million de mètre cube de bois qui est récupéré par le ministère des Ressources naturelles et des Forêts en Côte-du-Sud et au Bas-Saint-Laurent.
« Plusieurs usines suspendent leurs opérations en raison d’un contexte commercial moins favorable, ce qui entraîne une baisse de la demande. Parallèlement, le gouvernement québécois continue d’attribuer des volumes importants en forêt publique, d’exiger des redevances beaucoup trop basses et d’appuyer financièrement la récolte de ce bois. Le résultat, c’est que le marché est saturé, que les prix s’effondrent, que les usines encore en opération privilégient le bois public (à moindre coût) et que nos producteurs perdent des livraisons et des revenus importants », a déclaré le président de la FPFQ, Gaétan Boudreault.
« En plus de cette concurrence déloyale, les producteurs forestiers font les frais d’un conflit sur le bois d’œuvre qui n’a rien à voir avec eux. Aux yeux des États-Unis, c’est la gestion des forêts publiques canadiennes qui cause problème. La situation de nos producteurs s’apparente tout à fait à celle des propriétaires forestiers américains. Le bois d’œuvre produit avec leur bois rond devrait donc être exempté des taxes et tarifs lorsqu’expédié aux États-Unis, car ceux-ci plombent injustement leur rentabilité et leur compétitivité », a continué le président général de l’UPA, Martin Caron.
Ce double préjudice milite non seulement en faveur d’actions immédiates, mais aussi de compensations à la hauteur des pertes encourues ces dernières années. Il serait irresponsable d’agir autrement, en raison notamment de l’apport exceptionnel des producteurs forestiers à la vitalité de nos villages et de nos collectivités.
La Côte-du-Sud est particulièrement touchée par cette affaire. Les opérations et la gestion forestière du ministère entraînent un engorgement des marchés qui mène à une baisse de prix substantielle. Selon nos estimations, c’est une perte en valeur de l’ordre des 1 000 $ par voyage de bois pour les producteurs de la région comparativement à l’année antérieure. Par ailleurs, les coupes de récupération du ministère ont un impact sur l’ensemble de la chaîne de production, au détriment des producteurs forestiers. La mobilisation de la machinerie nuit à la disponibilité des services de coupe pour les propriétaires. En outre, l’afflux de bois aux usines entraîne des arrêts ou des diminutions importantes des livraisons.
Il est évident que la gestion forestière moderne doit composer avec les changements climatiques et l’accentuation des perturbations naturelles. Cependant, par ses actions, le ministère attaque le marché forestier de la Côte-du-Sud et semble oublier que les producteurs sont eux aussi assujettis aux perturbations naturelles. Cette compétition déloyale est un affront à notre région.
La question se pose : comment est-ce que le ministère évalue l’apport de la forêt privée de la Côte-du-Sud dans ses décisions stratégiques ? À cet effet, le Syndicat des producteurs de bois de la Côte-du-Sud a depuis 2023 procédé à plusieurs demandes auprès de la Direction de la gestion de l’approvisionnement en bois pour la mise en place d’une table de concertation afin de promouvoir la cohabitation harmonieuse entre la forêt publique et privée en Côte-du-Sud. Ces demandes ont été refusées.
C’est pourquoi en plus de compensations, le Syndicat appuie la demande de la FPFQ et l’UPA à la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, de mieux protéger les marchés des producteurs forestiers en renforçant le principe de résidualité. Rappelons que ce principe enchâssé dans la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier confère un caractère résiduel au bois de la forêt publique par rapport aux autres sources d’approvisionnement. En clair, avant d’obtenir des volumes de bois en forêt publique, les industriels doivent d’abord s’approvisionner en forêt privée.
« La ministre doit profiter de la refonte à venir du régime forestier pour mettre à jour le principe de la résidualité et se doter d’outils pour ajuster de façon plus dynamique les volumes récoltés en forêt publique. Il est impératif de mieux protéger les marchés des producteurs forestiers et de favoriser la mobilisation à long terme de leur bois », a complété Gaétan Boudreault.
Positions détaillées de la FPFQ : conflit du bois d’œuvre et démarche de réflexion sur l’avenir de la forêt
À propos du Syndicat des producteurs de bois de la Côte-du-Sud
Le SPBCS est l’organisation accréditée à la représentation des intérêts des propriétaires forestiers de la région de la Côte-du-Sud (Montmagny, L’Islet, Kamouraska). Elle représente notamment plus de 3000 producteurs forestiers dans la mise ne marché des bois. Pour en savoir plus, visitez le https://www.spbcs.ca ou inscrivez-vous à notre infolettre !
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Renseignements :
Louis-Joseph Roy, M. Sc.
Directeur général
Syndicat des producteurs de bois de la Côte-du-Sud
418 856-4639, poste 203